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Le marché français de l’automobile neuve est en pleine mutation et pas à une contradiction près. En effet, le diesel est aujourd’hui de plus en plus délaissé en raison de la pollution que son usage génère. Pour autant, en raison des ventes records de SUV et autres crossovers enregistrées, les Français polluent davantage chaque fois qu’ils se mettent au volant de leur automobile.
La mort annoncée du diesel
Le marché français a largement été dominé ces dernières décennies par les motorisations diesel. Il faut dire que celles-ci se révélaient moins gourmandes en carburant que leurs homologues fonctionnant au super. Par ailleurs, le diesel a longtemps affiché un prix inférieur de 0,20 €.
En 2015, l’EPA révèlent que certains constructeurs, en particulier Volkswagen, emploient des techniques frauduleuses afin de passer les tests relatifs à l’émission de polluants dans l’atmosphère, ceci afin d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché de leurs voitures. Des millions de véhicules sont concernées par cette fraude gigantesque alors que de nombreux pays à travers le monde se sont engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air.
Le changement progressif des mentalités, le durcissement des normes européennes, le refus d’un nombre croissant de grandes villes françaises de laisser entrer entre leurs murs des véhicules diesel et le réalignement progressif du prix du diesel sur celui de l’essence ont fait le reste.
Selon le webzine auto Divuz.fr, en 2017, le pourcentage des nouvelles immatriculations de diesel en neuf est tombé à seulement 47%, alors que dix ans plus tôt, celui-ci était de 74%. En 2018, les premiers chiffres confirment l’accélération de ce phénomène.
En occasion, la tendance est la même, mais dans des proportions moindres en raison du décalage de ce marché par rapport à celui du neuf. Sous peu, il va probablement devenir très compliqué de revendre un véhicule diesel.
Des voitures essence, oui, mais qui polluent davantage
Le fait que les Français se tournent vers l’essence et dans une moindre mesure vers l’électrique est une bonne chose en terme de pollution atmosphérique.
Mais là où le bât blesse, c’est que l’année 2017 est clairement marquée une modification importante des habitudes d’achat au niveau national. L’Argus a d’ailleurs établi un portrait robot de la voiture la plus vendue aux particuliers durant l’année 2017 :
- plus grosse : alors que les ventes de SUV et autres crossovers ne représentaient qu’une très faible part du marché, aujourd’hui, elles correspondent à un tiers du volume des ventes en neuf. Au point que mêmes des constructeurs tels que Jaguar et Lamborghini proposent leur propre modèle.
- plus gourmande : en 2017, la voiture neuve est toujours plus puissante, impactant la consommation moyenne. Il y a 10 ans, pour effectuer 100 km, il fallait 5,3 litres. En 2016, 4,5 litres. Mais l’an passé, cette baisse régulière s’est arrêtée et la consommation est repartie à la hausse avec 4,6 litres pour 100 km. Une tendance logique et qui correspond l’engouement pour les SUV.
- plus polluante : après des années de réduction des émissions des véhicules neufs, 2017 marque un tournant avec une progression de la quantité de CO2 émise par kilomètre. En 2016, celle-ci s’établissait à 109 g/km contre 111 g/km. Une augmentation qui pourrait apparaître comme insignifiante aux yeux de tous, mais qui marque une inversion de tendance au moment où le réchauffement climatique s’accélère ;
- plus chère : la consommation, la taille et la puissance de la voiture type ne sont pas les seuls à avoir augmenté. Son prix d’achat en neuf également avec 889 € de plus sur un an, portant le tarif moyen à plus de 26700 euros. En une décennie, celui-ci a progressé trois fois plus vite que le coût de la vie.
Dans l’imaginaire collectif, un modèle neuf est nécessairement moins polluant. Malheureusement, les chiffres sont là et démontrent que ce n’est pas la réalité. Un mauvais point pour la qualité de l’air dans les grandes villes et de manière générale en France, mais également pour le réchauffement climatique.